Le Cinquième Évangile
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Mots clés : Mutus Liber
 ML14 Quatorzième Planche
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Nous nous approchons de la fin du Grand-Oeuvre. Observons tout d'abord trois athanors allumés ; ils symbolisent dans cette étape du travail les trois forces cristallisées dans la nature occulte de l'adepte. Elles sont aussi le symbole des trois purifications que doit souffrir la matière première du Grand-Oeuvre (le mercure philosophal ou ens seminis), sous l'action du feu et du fer. Ce sont les trois clous qui furent enfoncés dans le corps du Sauveur Salvandus (le Christ Jésus) comme symbole évident des trois grands travaux ou descentes allégoriques au sein de la neuvième sphère (le sexe) afin d'atteindre la libération finale. Ce sont les trois montagnes initiatiques : celle de l'initiation, celle de la résurrection et celle de l'ascension.

Dans le deuxième rectangle, nous voyons un enfant entre deux femmes constituant les extrêmes ; elles nous indiquent la chose suivante : "la femme commence et finit le travail de la libération de l'adepte". Ce sont les femmes qui engendrent l'homme comme maître, comme adepte à l'aide de leur feu érotique. C'est la raison pour laquelle la femme de l'adepte se transforme en sa sœur, sa femme et sa mère à la fois.

C'est la femme qui tisse la laine symbolique que nous voyons sur les quenouilles qu'elles tiennent dans leur ceinture; cette laine constitue la matière avec laquelle les corps de gloire de l'adepte ou vêtements sacrés se forment.

Lorsque l'adepte est arrivé à la stature d'homme solaire, il se convertit en un enfant de lumière. C'est la raison pour laquelle certains alchimistes médiévaux disaient que le Grand-Oeuvre était : "tout travail de femmes et jeu d'enfants". Nous devons nous convertir en enfant (de sagesse) pour avoir droit d'entrer aux cieux (de conscience).

Les femmes et l'enfant de la gravure extraient minutieusement, à l'aide de ciseaux, le charbon de la flamme et alimentent la lampe en combustible (le même feu). Tout ceci signifie que les deux fois nés (ceux qui ont fabriqué leurs corps solaires) doivent travailler dans l'alchimie en faisant attention à bien séparer le charbon (les Egos ou bestialités) de la flamme pure et sacrée (du Sahaja Maïthuna ou magie sexuelle). Il faut réduire en poussière cosmique les éléments infra-humains qui constituent le charbon de la fausse psychologie et de la personnalité (véhicule du Karma).

L'initié doit travailler avec les ciseaux, c'est-à-dire qu'il doit couper tout élément infra-humain qui le lie à la nature animale qu'il avait autrefois. C'est un travail d'une infinie patience. Nous devons travailler incessamment à l'aide de la transmutation (du combustible ou liquide séminal) afin de frire les graines, constituant les origines mêmes de l'Ego animal.

L'enfant que nous voyons dans la figure a déposé une raquette et une balle. La raquette joue le rôle de filtre (il faut filtrer, raffiner énormément l'acte amoureux) et la balle symbolise la force sexuelle que nous devons apprendre à manier avec adresse. Dans cette étape, l'initié doit faire attention lors du travail sexuel. Car il est terriblement châtié, s'il se laisse tomber (sexuellement).

Les numéros VI, II et X sont les pas du Grand-Œuvre ; le numéro VI symbolise le commencement du travail, l'indécision (élection définitive entre le vice et la vertu). Le numéro II symbolise le moment où les eaux spermatiques de l'initié ont été fécondées par le soufre des sages (Kundalini) afin de constituer un composant merveilleux que nous pouvons appeler : mercure soufré. Le chiffre X est une allusion à l'obtention des dix séphiroths ou parties existentielles constituant l'arbre séphirotique ou véritable être intérieur profond. Ceci représente la réintégration totale avec notre ancien sacré ou vieux des siècles.

Dans le troisième rectangle nous trouvons de nouveau des allusions au commencement et à la fin du Grand-Oeuvre. Le commencement allégorisé par un four cubique (pierre cubique ou sexualité) à l'intérieur duquel cuit dans l'œuf philosophal (sexualité supérieure) la déesse lune, eaux argentées ou blanches du début.

Dans l'autre four nous trouvons à l'intérieur de l'œuf philosophal le roi Soleil symbole du feu sacré qui a développé son pouvoir dans l'espace spirituel du candidat. Ce soleil a dix rayons car, grâce au feu solaire de la Kundalini, nous pouvons nous réintégrer aux dix parties auto-conscientes de l'arbre séphirotique.

Le feu que nous voyons dans les deux fours est fort, non bestial mais puissant, feu que nous acquérons lorsque nous nous soumettons au régime ou discipline de l'authentique alchimie. A côté de chaque four, nous observons une sphère qui contient trois petits cercles soutenus par des fils. Ce symbole alchimique se réfère aux trois célèbres jours de l'alchimie initiatique. Ils sont également les trois jours que le prophète Jonas passa dans le ventre de la baleine, pour sortir (après avoir été vomi) triomphant afin d'aller prophétiser dans la ville de Ninive. Certaines traditions antiques parlent d'une mort de trois jours que devait souffrir l'initié au sein d'un cercueil en forme de poisson.

Le poisson, l'eau et les trois jours nous parlent des trois grands processus que doit vivre tout authentique homme qui veut se libérer. Ils sont expliqués par le Vénérable Maître Samaël dans son livre intitulé : "les trois montagnes". La première initie le néophyte aux mystères, la deuxième inclue la réalisation des douze travaux d'Hercule et la troisième culmine par la capture et la domestication du chien Cerbère, qui délivre à l'adepte la domination absolue de la sexualité.

Nous pouvons apprécier qu'entre les deux fours resplendit une balance qui nous indique que du début à la fin, l'initié doit se soumettre à la conduite indiquée par la loi (les huit vertus de la Kundalini).

La cuillère est le symbole des pauses sexuelles (qui se font entre chaque montagne) dans le but d'observer la manière dont va le travail intérieur et de réfléchir profondément sur la nécessité de mourir, afin d'éviter l'état de Hanasmussen (avorton de la mère cosmique).

Nous contemplons également en-dessous de la cuillère, le pilon et le creuset; ces instruments nous rappellent le yoni féminin (circulaire) et le phallus masculin en constant travail de destruction, dissolution ou désintégration des agrégats animaux pendant le "coïtus reservatus".

Sur le creuset est dessinée une fleur de Lotus, qui nous indique la formation de véhicules de feu du Dieu Mercabah (les 7 corps de tout adepte, au travers desquels se manifeste et s'exprime l'Etre intérieur profond).

Des deux côtés du creuset nous observons les poids de l'alchimie ; à mesure que l'on avance dans le chemin initiatique, le poids de la croix de l'adepte devient de plus en plus difficile à supporter. De même, quand on progresse dans le Grand-Oeuvre (intérieur), les épreuves deviennent de plus en plus dures.

Finalement, dans la partie inférieure de la gravure, nous apercevons deux récipients ; un au-dessus de l'homme et l'autre au-dessus de la femme. Sur celui de gauche, le liquide qui sort d'un verre le pénètre sans se répandre ; au contraire, le liquide qui sort du verre de droite tombe à côté du récipient. Les gestes de l'homme et de la femme nous éclairent sur ces deux énigmes.

L'homme nous dit la chose suivante, il faut travailler, transmuter le liquide séminal sans permettre qu'il s'échappe, c'est-à-dire sans forniquer; c'est ce qu'il nous indique de sa main droite, en même temps qu'il nous montre de la main gauche la nécessité d'être discret, humble et réservé dans le travail.

La femme nous avertit : si tu permets que le liquide se répande et s'échappe en-dehors du récipient (si tu ne le transmutes pas grâce à la magie sexuelle), tu te convertiras en démon. Elle nous montre ceci de l'index et du petit doigt qui forment les cornes démoniaques de l'échec. Avec sa main gauche, elle se touche les lèvres comme pour nous dire qu'il faut être prudent.

Une fois que les adeptes en sont arrivés là, leur mercure a été totalement élaboré dans le ballon de l'alchimie (la sexualité transcendée) et demeure seulement dans leur intérieur le feu solaire cristallisé ainsi que nous le voyons indiqué par le symbole du mercure ayant cependant comme tête le symbole astrologique et alchimique du Soleil.

Au-dessous du ballon de l'alchimie se trouvent les pinces philosophiques nous indiquant que les braises du feu (sexuel) doivent être utilisées ou maniées aussi soigneusement que l'on remue les braises d'un foyer. Les pinces constituent un hiéroglyphe qui nous avertit de la méticulosité avec laquelle nous devons extirper toute manifestation égoïste animale pour que se cristallise l'Or dans les corps purifiés sous l'action du feu sacré.

Les paroles latines : "Ora, Lege, Lege, Relege, Labora et Invenies" signifient : Pries, lis, lis, lis, relis, travailles et tu trouveras.

Grâce au Maître Samaël, les étudiants gnostiques n'ont pas besoin de lire et relire des volumes compliqués sur l'alchimie, étant donné que tout l'art laborieux est synthétisé dans les oeuvres merveilleuses de ce grand maître; tout spécialement dans : "Le mariage parfait, le mystère de la fleuraison d'or et les Trois montagnes".

Toutes les créatures humaines peuvent maintenant travailler dans le magistère du feu, sans dévier grâce aux sages instructions laissées dans ces ouvrages remarquables.

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