Il est important de signaler que nous observons de nouveau les quatre récipients cylindriques sur le four alchimique. Nous avons déjà dit que lesdits récipients symbolisent les quatre corps internes de l'ascète. Il est bon, cependant, d'ajouter que ces cylindres (disposés deux du côté de l'homme et deux du côté de la femme), symbolisent aussi les deux canaux ganglionnaires qui existent des deux côtés de la colonne vertébrale de toute personne en condition physique normale.
Ces canaux sont appelés en Inde avec les noms sacrés d'Ida (canal situé du côté droit de la colonne vertébrale) et Pingala (situé du côté gauche de l'épine dorsale). Au moyen de l'alchimie sexuelle transcendantale, s'élèvent par ces merveilleux conduits les vapeurs atomiques du mercure des sages (les sécrétions sexuelles) dûment transmutées.
Ce sont aussi les deux témoins qui sont devant Jéhovah, cités par la Bible; de leur bouche, selon les écritures, jaillit de l'huile (séminale) ardente.
Les alchimistes médiévaux disaient que grâce à ces canaux se garantissait l'ascension lente et équilibrée de l'agent secret (mercure) et du sel sublime.
Ces canaux débutent chez l'homme dans les testicules et s'élèvent de chaque côté de la colonne vertébrale; ils sont semi-physiques et semi-atomiques. Dans l'élément féminin, lesdits canaux partent des ovaires et montent des deux côtés de l'épine dorsale. Ils bifurquent après en de nombreux canaux nerveux qui inondent le cerveau et pénètrent dans les chambres secrètes qui sont en relation avec le cœur (trône de l'atome maître qui nous unit avec l'intime).
Nous voyons que le couple dans cette planche réalise une nouvelle sublimation (après beaucoup d'autres pratiques sexuelles) pour obtenir enfin le fruit desdites sublimations.
Ce fruit est constitué d'une fleur à six pétales très symbolique; cette fleur est le produit des eaux génésiques transmutées.
Tout ceci est très allégorique et très intéressant ; dans la planche antérieure, l'élément féminin (lunaire-mercuriel) donne la rosée coagulée à Vulcain couronné ou accompagné d'une lune argentée. Nous voyons ici que la femme et la lune sont la représentation de la polarité négative ou passive de l'alchimie (en d'autres mots, le mercure).
Au contraire, dans cette sixième planche, le fruit d'une nouvelle sublimation (la fleur à six pétales ou perle séminale qui commence à se développer à l'intérieur de l'adepte) est délivrée par l'homme (principe actif ou soufre philosophal) au Dieu Soleil ou Hélios (de nouveau le soufre philosophal).
Tout ceci nous amène à penser que le feu sacré du Kundalini est arrivé ou s'est éveillé à l'intérieur de l'anatomie physique et occulte des adeptes de cette planche.
Il est très important de noter que le feu sacré pénètre vertèbre par vertèbre (lentement) en accord avec les mérites du cœur de tous ceux qui connaissent le grand arcane.
La fleur à six pétales est le début des grandes réalisations, car elle représente l'arcane 6 du Tarot (l'amoureux, celui qui a déjà décidé entre la vertu et le péché, choisissant évidemment le chemin supérieur).
Ceci est en même temps la représentation du sceau de Salomon, qui est composé de l'union de deux triangles, pour indiquer que le soufre a finalement fécondé le mercure. Les six pointes du sceau de Salomon sont masculines et les six angles sont féminins ; voilà encore les deux natures.
Il est très significatif que le Dieu solaire soit habillé comme un guerrier romain avec une cuirasse très allégorique. Les habits romains symbolisent la guerre que nous devons mener constamment aux forces infra-humaines qui s'opposent au développement de la lumière en nous.
La cuirasse nous remémore que la force solaire (la Kundalini ou feu supérieur développé dans l'épine dorsale de l'authentique yogi) est par-dessus tout, protectrice et protégée.
Le Dieu solaire porte un arc qui, dès qu'il se trouve étiré avec force en forme de triangle mystique, représente les trois forces primordiales (positive, négative et neutre), qui entrent en action à chaque fois que nous conduisons l'électricité sexuelle transcendantale.
Nous sommes dans l'étape où l'alchimiste a converti ses eaux en "eaux jaunes" ; quand elles sont arrivées à ce stade, on dit en langage symbolique que l'on travaille sous la régence de Mars. Mars est symbolisé parmi les couleurs alchimiques par les couleurs orange et jaune.
La couleur jaune, nous le répétons, est le produit de la fécondation qu'a réalisé le feu de la Kundalini (le soufre des sages) au mercure (ens seminis) pour le convertir en un métal précieux (l'or potable) qui se fige dans la nature physique et psychique de celui qui travaille avec le magnétisme érotique de manière correcte.
Nous terminons cette planche en voyant le couple alchimiste se préparant pour une nouvelle sublimation de L'Alkaest ou dissolvant universel (l'énergie créatrice du premier instant, l'énergie sexuelle).