Voyons maintenant le Mayurasana. Les deux premières syllabes, Mayu, évoquent le mois de Mai (espagnol Mayo, latin Maius, mois de la déesse Maïa qui nous rappelle la Maya hindoue). Le mot Asana signifie posture sacrée.
Avant d'exécuter le Mayurasana, il est nécessaire que tu fasses un nouvel exercice de Pranayama. Tu effectues donc un Pranayama complet, composé de trois inhalations et trois exhalations pour chaque narine, en alternant, comme nous l'avons vu dans l'exercice numéro 3, après quoi tu te places à la façon d'un petit lézard : c'est pour cela que cette position est appelée la posture du Lézard.Il y a beaucoup de gens qui pratiquent la posture du Lézard, précisément pour en finir avec leur gros ventre, avec ce que nous appelons la bedaine, c'est-à-dire, avec leur abdomen rebondi, plein de graisse, horriblement gonflé ».
Le Maître se plaça lui-même dans la posture du petit lézard pour m'enseigner de façon pratique l'exercice, afin que je l'apprenne exactement, sans aucune erreur possible. A mesure qu'il exécutait l'exercice, il m'expliquait minutieusement tous les aspects et détails de cet Asana : « Les paumes des mains sont posées à plat par terre, le corps étant soutenu par les bras tendus, à la manière du petit lézard ; les jambes, également tendues, rectilignes, ne touchent pas le sol, on est appuyé sur la pointe des pieds. La tête se trouve dans le prolongement du corps, formant avec la nuque, le dos, le bassin, les jambes, une ligne bien droite, ce qui rappelle l'allure du lézard. On reste immobile quelques instants dans cette posture, pour adresser à notre Divine Mère une fervente supplique. On peut alors poursuivre l'exercice, en gardant notre esprit bien concentré sur notre Mère Kundalini.
Sans bouger les mains ni les pieds et en expirant profondément, on lève la région du bassin, la tête s'abaisse et vient se placer entre les bras tendus ; le corps fléchi vers le haut forme une sorte d'accent circonflexe, les jambes sont droites et le corps se trouve dans le prolongement des bras : on essaie de coller les talons au plancher, ce qui étire les muscles arrière des jambes. Puis, sans que les pieds et les mains se déplacent, et sans fléchir les bras, lesquels restent tendus pendant tout exercice, on abaisse le bassin, ce qui cambre les reins et amène le tronc et la tête à se redresser verticalement ; il est important de ne pas rentrer la tête dans les épaules, il faut bien dégager la tête et relever le torse le plus possible ; le dos est bien cambré et l'on sent l'étirement de la région abdominale. Dans cette position, le corps demeure appuyé sur la pointe des pieds et les jambes restent droites, à quelques pouces du sol. En même temps qu'on redresse le torse, on doit inspirer profondément. Puis l'on expire en reprenant la position précédente, le bassin en l'air, bras et jambes tendus et le corps formant un accent circonflexe.
On recommence et on répète toutes les phases de l'exercice autant qu'on le désire, mais sans exagérer, tout en priant avec ferveur notre Divine Mère Kundalini de mettre en activité tous nos chakras.
Nous terminerons cette série de mouvements de la façon suivante : lorsque, après avoir accompli l'exercice en entier plusieurs fois, la région du bassin se trouvera en l'air, le corps dans le prolongement des bras et de la tête, formant presque un angle droit avec les jambes tendues, alors, au lieu de redescendre pour aller redresser le torse, on fait quelques petits pas en avant, mais sans bouger les mains, seuls les pieds avancent. Le corps forme à présent avec les jambes un angle aigu, les jambes restent tendues, sans fléchir ; on essaie de mettre les pieds à plat sur le sol, ce qui tire fortement sur les muscles des jambes. Dans cette position, à quatre pattes comme le cheval, la tête entre les bras, plus bas que le tronc, le corps formant une arche humaine parfaite, nous devons entrer en prière, implorant, suppliant, comme je te l'ai déjà enseigné, la Mère Divine, pour qu'elle comble nos besoins les plus pressants. Nous restons quelques moments en prière, immobiles, dans cette position où nous formons une sorte de pont, d'arcade humaine, puis nous fléchissons les genoux pour abaisser le corps, nous redressons lentement le torse et nous nous levons debout. L'exercice est terminé.
Rappelle-toi que cette posture de l'arche humaine que nous venons de prendre fait affluer le sang à la tête, de sorte que le cerveau et les glandes et organes du crâne sont très bien irrigués.
Cette série de mouvements est très efficace pour éliminer la panse ou la bedaine. Je ne sais pas pourquoi les gens tiennent tant à leur ventre volumineux : c'est la « courbe du bonheur », dit-on. Jamais on ne devrait avoir ces gros ventres gonflés de graisse. Avec cet exercice que nous avons détaillé, adieu la bedaine, compris ?.
Comme tu le vois, il s'agit bel et bien de six rites, de six formes de la prière, et non d'exercices purement physiques : en fait, grâce à ces six rites, nous gardons un parfait équilibre entre le physique et le spirituel. Au Tibet, lorsqu'ils travaillent avec ces rites, les lamas étendent leur petit tapis et ils travaillent sur ce tapis de la prière, lequel est juste assez grand pour une personne.
Il n'y a aucune objection à ce que l'on exécute ces exercices n'importe où, même si l'on n'a pas de petit tapis ou de natte. L'important, c'est de faire la pratique à l'endroit où nous sommes et du mieux que nous pouvons. Tu vas répéter maintenant toute la série d'exercices pour voir si tu les as bien appris ».
Je pris place au milieu de la pièce et j'entrepris d'exécuter toute la série d'exercices, tout en adressant à ma Divine Mère d'intenses prières, comme le Maître l'avait répété maintes et maintes fois. Après avoir réalisé le dernier exercice, où le corps forme une voûte humaine, je me relevai lentement.
« Très bien, me dit le Maître, tu as bien appris ces exercices, je vais maintenant t'enseigner une modalité spéciale du Viparita Karani Mudra pour rajeunir le corps : tu t'allonges sur le plancher en décubitus dorsal et tu dresses tes jambes verticalement de telle sorte qu'elles soient appuyées sur un mur ; pour cet exercice, tu dois te placer tout près du mur, perpendiculairement à lui, en posant tes jambes sur le mur, comme ceci ».
Le Maître s'allongea sur le sol, près d'un mur, il leva les jambes verticalement et les appuya contre le mur. Il était couché sur le dos, les mains et les bras sur le plancher, parallèlement au corps. Dans cette position, les mains et les fesses touchent le mur, et l'on ne met pas d'oreiller sous la tête.
« Cet exercice est employé pour un grand travail que seul le Très Haut Esprit-Saint peut réaliser à l'intérieur de notre organisme.
Nous avons dans notre cerveau une lune qui fait de nous les êtres les plus lunaires du monde, nos actes sont négatifs et lunaires à cause de cette lune qui est dans notre cerveau. Par contre, nous avons, dans la région du nombril, un soleil merveilleux ; depuis que nous sommes sortis du paradis, il y a eu une permutation en nous du soleil et de la lune, le soleil lumineux du cerveau est passé au nombril et la lune froide est allée au cerveau.
Alors, cet aspect étant connu, lorsque nous sommes dans cette position du Viparita Karani Mudra, nous devons prier l'Esprit-Saint d'opérer en nous le transfert, d'enlever la lune de notre cerveau et de l'envoyer dans la région du nombril et, en retour, de retirer de notre nombril ce soleil lumineux et de l'amener dans notre cerveau.
Il va sans dire qu'il est de notre devoir humain d'accomplir de façon incessante, persévérante, constante, le Viparita Karani Mudra, de prier, supplier, implorer le Saint-Esprit qu'il nous accorde la grâce d'effectuer en nous cet échange, de déplacer au nombril la lune qui se trouve dans notre cerveau et de conduire jusqu'à notre cerveau le soleil que nous avons dans la région ombilicale.
C'est un travail que le Troisième Logos seulement peut accomplir, et la position exacte qui est nécessaire pour ce travail, c'est cette posture du Viparita Karani Mudra ; dans cette posture, donc, on doit se concentrer profondément sur le Troisième Logos, l'implorer et le supplier de venir à nous et d'opérer cette transplantation de la lune au nombril et du soleil au cerveau.
Ce Viparita Karani Mudra est un rite réellement merveilleux pour obtenir le rajeunissement du corps physique ; il est primordial et indispensable de reconquérir la jeunesse, le corps de l'Initié qui marche sur le « Sentier en Lame de Rasoir » doit rester jeune et vigoureux.
Celui qui réussit à faire cet exercice durant trois heures d'affilée, celui-là vaincra la mort et reconquerra inévitablement la jeunesse, mais il va de soi que nous devrons commencer par cinq minutes tout au plus, puis nous augmenterons graduellement, lentement, avec patience, en ajoutant une minute chaque jour.
Ceux qui désirent ardemment rajeunir leur corps et se guérir de toute maladie, devront utiliser la recette merveilleuse que nous leur donnons ici, pratiquer le Viparita Karani Mudra. Installé dans cette position, tu dois demander au Troisième Logos qu'il rajeunisse ton organisme physique et te guérisse de telle ou telle maladie ou infirmité, qu'il change tes vieilles cellules pour des cellules neuves, etc. Tu commenceras par demeurer cinq minutes dans cette position, puis tu augmenteras chaque jour d'une minute, tu augmenteras très progressivement le temps où tu resteras dans cette posture, jusqu'à ce que tu atteignes la durée maximum de trois heures, il est indubitable que pour arriver à rester trois heures dans cette position, il faudra beaucoup de temps, peut-être même plusieurs années de pratique constante, mais ces années de perpétuel sacrifice signifient vaincre la mort