Le Cinquième Évangile
Mots clés : Auto-connaissance
 L'Exercice de l'Auto-Connaissance de Soi (La Connaissance de soi-même)
Samaël Aun Weor
Conférence 005 intitulée "EL EJERCICIO DEL AUTOCONOCIMIENTO (El Conocimiento de Sí Mismo)"
L'Exercice de l'Auto-Connaissance de Soi (La Connaissance de soi-même)

Bon, nous tous, qui sommes réunis ici, nous allons parler un peu des inquiétudes de l'Esprit. Avant tout, il faut que nous ayons une COMPRÉHENSION CRÉATRICE.

Ce qui est fondamental, dans la vie, c'est d'arriver réellement à SE CONNAÎTRE SOI-MÊME. D'où venons-nous ? Où allons-nous ? Quel est le but de notre existence ? Pourquoi vivons-nous ? Pourquoi sommes-nous ici ? etc.

Cette phrase qui fut inscrite sur le frontispice du temple de Delphes est, certes, axiomatique : « HOMO, NOSCE TE IPSUM » qui veut dire « Homme connais-toi toi-même... (et tu connaîtras l'Univers et les Dieux) ».

Se connaître soi-même est fondamental ; tous les gens croient se connaître eux-mêmes, alors qu'en réalité ils ne se connaissent pas. Ainsi, il est nécessaire d'arriver à la pleine connaissance de soi-même ; ceci requiert une incessante AUTO-OBSERVATION ; nous avons besoin de nous voir tels que nous sommes.

Malheureusement, les gens admettent facilement qu'ils ont un corps physique, mais cela leur demande beaucoup de travail pour comprendre leur propre Psychologie, pour l'accepter de manière crue et réelle. Ils acceptent le fait d'avoir un corps physique parce qu'ils peuvent le voir, le toucher, le palper ; mais la Psychologie est un peu distincte, un peu différente.

Comme ils ne peuvent, certes, pas voir leur propre psyché, qu'ils ne peuvent ni la toucher ni la palper, c'est, pour eux, une chose floue qu'ils ne comprennent pas.

Quand une personne commence à s'observer elle-même, c'est le signe infaillible qu'elle a l'intention de changer ; quand quelqu'un s'observe lui-même, qu'il se regarde lui-même, il montre qu'il devient différent des autres.

C'est dans les diverses circonstances de la vie que nous pouvons nous AUTO-DÉCOUVRIR. C'est à partir des différents événements de l'existence que nous pouvons extraire le « Matériel Psychique » nécessaire à l'éveil de la Conscience.

Donc, dans nos relations avec les gens, que ce soit à la maison ou dans la rue, à la campagne, à l'école ou à l'usine, etc., les défauts cachés que nous portons en nous affleurent spontanément et, si nous sommes alertes et vigilants comme la sentinelle en temps de guerre, alors nous les voyons ; un défaut découvert doit être compris intégralement dans tous les niveaux du Mental.

Si, par exemple, nous avons eu (supposons) une crise de colère, nous devrons comprendre tout ce qui est arrivé ; supposons que nous ayons eu une petite dispute. Il se peut que nous soyons entrés dans un magasin pour demander quelque chose et que l'employé nous ait apporté autre chose que nous n'avions pas demandé. Alors, nous nous sommes mis un peu en colère en disant :

- « Monsieur, je vous ai demandé telle chose et vous m'apportez autre chose. Ne vous rendez-vous pas compte que je suis pressé, que je n'ai pas de temps à perdre ? ».

Voilà une petite dispute, une petite contrariété ; il est évident que nous avons besoin de comprendre ce qui s'est passé...

En arrivant chez nous, nous devons immédiatement nous concentrer profondément sur ce qui s'est passé. Si nous étudions les motifs profonds qui nous ont fait agir de la sorte, de cette façon, en nous en prenant à l'employé parce qu'il ne nous a pas apporté ce que nous avions demandé, nous en venons à découvrir notre propre auto-importance, c'est-à-dire que nous nous sommes crus très importants.

Il est évident qu'il y a eu en nous ce qu'on appelle « la suffisance », « l'orgueil », « l'irritabilité »... Voilà l'impatience ; voilà plusieurs défauts. L'impatience est un Défaut, la suffisance est un autre défaut ; l'auto-importance, nous sentir très importants, voilà un autre défaut ; l'orgueil, nous sentir très grands et regarder avec dédain l'employé qui nous a servi, toutes ces raisons ont fait que nous nous sommes comportés de manière inharmonieuse.

Par la même occasion, NOUS AVONS DÉCOUVERT DIFFÉRENTS MOIS qui doivent être travaillés et compris.

Il faudra étudier à fond ce qu'est le Moi de la suffisance, il faudra le comprendre complètement, il faudra l'analyser. Il faudra étudier à fond ce qu'est le Moi de l'orgueil ; il faudra étudier à fond ce qu'est le Moi de l'auto-importance ; il faudra étudier à fond ce qu'est le Moi du manque de patience, ce qu'est le Moi de la colère, etc.

C'est un groupe de Mois. Chacun doit être compris séparément, étudié, analysé. Nous devons accepter le fait que derrière ce petit événement insignifiant se cache un groupe de Mois et que ceux-ci sont donc naturellement actifs.

Il faut LES ÉTUDIER UN PAR UN, SÉPARÉMENT. À l'intérieur de chacun d'eux est embouteillée l'Essence, c'est-à-dire la Conscience. Il faut donc LES DÉSINTÉGRER, les annihiler, les réduire en poussière cosmique.

Pour les désintégrer, nous devons nous concentrer sur la DIVINE MÈRE KUNDALINI ; la supplier, la prier de les réduire en poussière. Mais, il faut d'abord comprendre le défaut (supposons, par exemple, la colère), puis, après l'avoir compris, supplier la Divine Mère Kundalini de l'éliminer. Après avoir compris l'impatience, la supplier d'éliminer cette erreur. Après, il faudra comprendre l'auto-importance.

Pourquoi nous croyons-nous importants si nous ne sommes rien que de misérables vers de la boue de la terre ? Sur quoi repose notre auto-importance ? Quels fondements lui donnons-nous ? Réellement, notre auto-importance n'a aucune base, car nous ne sommes rien ; chacun de nous n'est rien de plus qu'un vil ver de la boue de la terre.

Que sommes-nous face à l'Infini, face à la Galaxie où nous vivons, face à ces millions de mondes qui peuplent l'espace sans fin ? Pourquoi nous sentir auto-importants ?

Ainsi, en analysant chacun de nos défauts, nous les comprenons peu à peu et le défaut que nous comprenons doit être éliminé avec l'aide de la Divine Mère Kundalini. Il est évident qu'il faudra la supplier, qu'il faudra la prier d'éliminer le défaut qu'on est en train de comprendre... Donc, dans une scène, interviennent différents Mois.

Prenons une autre scène, une scène de jalousie par exemple. Incontestablement, c'est grave, car dans une scène de jalousie interviennent aussi différents Mois. Si un homme s'aperçoit soudain que sa femme est en train de parler à un autre homme de manière très intime, etc., qu'est-ce que ça veut dire ? Il va ressentir de la jalousie, c'est bien probable et il cherchera querelle à sa femme, évidemment.

Mais si nous observons cette scène, nous constatons qu'il y a eu de la jalousie, de la colère, de l'amour propre, différents Mois. Le Moi de l'amour-propre s'est senti blessé, la jalousie est entrée en action, la colère aussi.

Donc, chaque scène, chaque évènement, chaque situation doit nous servir de base pour nous auto-découvrir. Dans n'importe quel évènement, nous allons découvrir que nous avons différents Mois à l'intérieur de nous-mêmes ; c'est évident ; différents Mois...

Pour toutes ces raisons, il est nécessaire que nous soyons alertes et vigilants, comme la sentinelle en temps de guerre. L'état d'ALERTE-PERCEPTION et d'ALERTE-NOUVEAUTÉ est indispensable. Si nous ne procédons pas de la sorte, la Conscience restera prisonnière des agrégats psychiques que nous portons à l'intérieur de nous et nous ne nous éveillerons jamais.

Nous devons comprendre que nous sommes endormis. Si les gens étaient éveillés, ils pourraient voir, toucher et palper les grandes réalités des Mondes Supérieurs. Si les gens étaient éveillés, ils se rappelleraient leurs vies passées. Si les gens étaient éveillés, ils verraient la Terre telle qu'elle est. Actuellement, ils ne voient pas la Terre telle qu'elle est.

Les gens de la Lémurie voyaient le monde tel qu'il est ; ils savaient que le monde a en tout Neuf Dimensions, dont Sept Fondamentales et ils voyaient le monde de manière multidimensionnelle. Dans le Feu, ils percevaient les SALAMANDRES ou créatures du Feu. Dans les Eaux, ils percevaient les créatures aquatiques, les ONDINES et les NÉRÉIDES. Dans l'Air, ils voyaient clairement les SYLPHES et, à l'intérieur de l'élément Terre, ils voyaient les GNOMES.

Quand ils levaient les yeux vers l'Infini, ils pouvaient percevoir d'autres humanités planétaires. Les planètes de l'espace étaient visibles, pour les anciens, de façon précise, car ils voyaient l'AURA DES PLANÈTES et ils pouvaient aussi percevoir les GÉNIES PLANÉTAIRES.

Mais, quand la Conscience humaine se trouva enfermée à l'intérieur de tous ces Mois ou agrégats psychiques qui constituent le moi-même, le soi-même, l'Ego, alors la Conscience s'endormit ; elle se manifeste maintenant en vertu de son propre embouteillement.

À l'époque de la Lémurie, toute personne pouvait voir au moins la moitié d'un « HOLTAPAMNAS » ; un « HOLTAPAMNAS » équivaut à cinq millions et demi de tonalités de couleur.

Quand la Conscience se trouva enfermée dans l'Ego, les sens dégénérèrent. Dans l'Atlantide, on ne pouvait plus percevoir qu'un tiers des tonalités de couleur et, maintenant, c'est à peine si on perçoit les sept couleurs du Spectre Solaire et quelques rares tonalités.

Les gens de la Lémurie étaient différents ; pour eux, les montagnes avaient une haute vie spirituelle ; les rivières, pour eux, étaient le corps des Dieux. La Terre entière était perçue par eux comme UN GRAND ORGANISME VIVANT. C'étaient des gens d'un autre type, des gens différents, distincts. Maintenant, l'humanité a malheureusement involué atrocement. Aujourd'hui, l'humanité est donc en état de déchéance. Si nous ne nous occupons pas de nous auto-découvrir pour mieux nous connaître, nous continuerons à avoir la conscience endormie, prisonnière de tous les Mois que nous portons à l'intérieur de nous.

Normalement, les psychologues croient que nous avons un seul Moi et rien de plus. Dans la Gnose, on pense différemment. Dans la Gnose, nous savons que la colère est un Moi, que la convoitise est un autre Moi, que la luxure est un autre Moi, que l'envie est un autre Moi, que l'orgueil est un autre Moi, que la gourmandise est un autre Moi, etc.

Virgile, le poète de Mantoue, l'auteur de « l'Énéide », disait : « Même si nous avions mille langues pour parler et un palais d'acier, nous n'arriverions pas à compter nos défauts, ni à les énumérer complètement. Il y en a tant ! ».

Et où allons-nous les découvrir ? C'est seulement sur le terrain de la vie pratique que l'Auto-découverte est possible.

Une scène quelconque de la rue est suffisante pour savoir combien de Mois sont entrés en activité. Quel que soit le Moi qui entre en action, il est nécessaire de le travailler, afin de le comprendre et de le désintégrer. C'est seulement par ce chemin qu'on peut libérer la Conscience ; c'est seulement par ce chemin qu'il est possible de s'éveiller.

Avant toute chose, nous devons nous intéresser à l'ÉVEIL ; car, tant que nous continuerons tels que nous sommes, c'est-à-dire endormis, que pourrons-nous savoir des Mystères de la Vie et de la Mort, que pourrons-nous savoir du Réel, de la Vérité ?

Pour arriver à connaître à fond les Mystères de la Vie et de la Mort, il est nécessaire et indispensable de s'éveiller. Il est possible de s'éveiller si on se le propose. Mais, il n'est pas possible de s'éveiller si la Conscience continue à être prisonnière de tous ces Mois.

Nous vivons à l'intérieur d'un mécanisme assez compliqué. La vie est devenue profondément mécanique à cent pour cent. La LOI DE RÉCURRENCE est terrible : tout se répète.

Nous pourrions comparer la vie à une roue qui tourne incessamment sur elle-même ; les évènements passent et repassent et se répètent toujours. En réalité et en vérité, il n'y a jamais de solution finale aux problèmes. Tout le monde a des problèmes, mais la solution finale, en réalité et en vérité, n'existe pas. S'il y avait une solution finale aux problèmes que nous avons dans la vie, cela signifierait que la vie ne serait pas la vie, mais la mort. Ainsi donc, on ne connaît pas la solution finale.

LA ROUE DE LA VIE tourne ; les mêmes évènements reviennent toujours, se répètent de manière plus ou moins exacte, à un niveau plus ou moins élevé, mais ils se répètent.

Arriver à la solution finale, empêcher que la répétition des évènements ou des situations continue est une chose plus qu'impossible !

Alors, la seule chose que nous ayons à faire, c'est d'apprendre à savoir comment nous allons réagir face aux différents évènements de la vie.

Si nous réagissons de la même manière, si nous réagissons toujours avec violence, si nous réagissons toujours avec luxure ; si nous réagissons toujours avec convoitise face aux différentes situations qui se répètent perpétuellement lors de chaque existence, nous ne changerons jamais ; car les évènements que vous vivez en ce moment, vous les avez déjà vécus dans l'existence passée.

Cela signifie, par exemple, que si, maintenant, vous êtes assis à m'écouter, vous étiez aussi assis à m'écouter dans l'existence passée ; ce n'était peut-être pas ici même, dans cette maison, mais c'était bien dans un endroit quelconque de la ville. De même, vous étiez assis à m'écouter dans l'avant-dernière vie ; et dans celle d'avant aussi, vous étiez assis à m'écouter et moi, je vous parlais ; c'est-à-dire que cette Roue de la Vie est toujours en train de tourner et que les évènements qui défilent sont toujours les mêmes.

Ainsi donc, il est impossible d'empêcher la répétition des évènements. La seule chose que nous pouvons faire, c'est CHANGER NOTRE ATTITUDE face aux évènements de la vie.

Si nous apprenons à NE PAS RÉAGIR devant un impact provenant du monde extérieur, si nous apprenons à être sereins, impassibles, nous pourrons alors éviter que les évènements produisent sur nous les mêmes résultats.

Faisons une supposition : voyons, par exemple, une existence passée dont j'ai parlée ici, avec notre frère gnostique, le Dr HD., concernant un sujet que j'ai cité dans mon livre intitulé : « Le Mystère de la Fleuraison d'Or ». Nous parlions de cette existence où je m'appelais Juan Conrado (troisième Grand Seigneur de la Province de Grenade) dans la vieille Espagne, à l'époque de l'Inquisition, alors que l'Inquisiteur Torquemada causait des désastres dans toute l'Europe : il envoyait les gens brûler vifs au bûcher.

Certes, je m'étais adressé à lui pour lui demander d'admonester quelqu'un de manière chrétienne. Il s'agissait d'un Comte qui me blessait constamment par ses paroles ; j'étais l'objet de ses railleries, etc.

À cette époque, j'étais un Bodhisattva tombé ; je n'étais certainement pas une douce brebis ; l'Ego était bien vivant. Cependant, je voulais éviter un nouveau duel, non par peur, mais parce que j'étais fatigué de tant de duels, car j'avais la réputation d'être un grand spadassin.

J'arrivai très tôt à la porte du palais de l'Inquisition. Un religieux, « un moine bleu », se trouvait à la porte et me dit :

- Quel miracle de vous voir en ces lieux, Monsieur le Marquis.

- Merci beaucoup, mon révérend - lui dis-je - je viens solliciter une audience avec Monsieur l'Inquisiteur, Monseigneur Thomas de Torquemada.

- Impossible, dit-il, aujourd'hui, il y a beaucoup de visites ; cependant, je vais essayer d'obtenir pour vous une audience.

- Merci beaucoup, mon révérend - lui dis-je - m'adaptant naturellement à toutes les convenances de cette époque.

En réalité et en vérité, on devait s'adapter, car, sinon, on s'exposait à de graves ennuis. Quoi qu'il en soit, le moine en question disparut comme par enchantement et j'attendis patiemment qu'il revînt. Il revint, finalement, et, sitôt de retour, il me dit :

- L'audience vous a été accordée, Monsieur le Marquis, vous pouvez entrer.

J'entrai, traversai une cour et arrivai dans un grand salon très obscur ; je passai par un autre salon qui se trouvait aussi dans une profonde obscurité ; finalement, j'entrai dans un troisième salon qui était éclairé par une lampe qui se trouvait sur une table ; à la table était assis l'Inquisiteur Don Tomás de Torquemada ; rien moins que le grand Inquisiteur (un être certes cruel). Sur la poitrine, il portait une grande croix ; il était apparemment dans un état de béatitude, les mains sur la poitrine. Lorsqu'il me vit, je ne pus faire moins que de le saluer avec toutes les révérences en usage à l'époque et il me dit :

- Asseyez-vous, Monsieur le Marquis. Qu'est-ce qui vous amène ici ? Je lui dis alors :

- Je viens vous solliciter pour une admonestation chrétienne à l'encontre de Monsieur le Comte Untel de X et Y et Z (avec cinquante mille noms et prénoms) qui lance ses plaisanteries contre moi, me raille et me harcèle avec ses moqueries et je n'ai aucune envie d'avoir un autre duel ; je veux éviter un nouveau duel.

- Oh ! Ne vous en faites pas, Monsieur le Marquis - me répondit-il - ici, dans la Maison Inquisitoriale, nous avons déjà de nombreuses plaintes contre ce Comte. Nous allons le faire appréhender et l'amener dans la tour des supplices ; nous lui mettrons les pieds sur des charbons ardents afin de bien les lui brûler pour qu'il souffre. Nous lui arracherons les ongles des mains, lui verserons du plomb sur ses blessures ; nous le torturerons, nous l'amènerons ensuite sur la place publique et nous le brûlerons sur le bûcher.

Eh bien, je n'avais pas pensé aller si loin ; j'étais juste venu demander qu'on admoneste ce Comte de façon chrétienne. Évidemment, je restai perplexe en écoutant Torquemada parler de cette manière, les mains posées sur la poitrine, dans une attitude de béatitude. Cela me fit horreur. Je ne pus que manifester mon mécontentement et il fallut que je lui dise :

- Vous êtes un pervers. Je ne suis pas venu vous demander de brûler vif qui que ce soit, ni de le torturer ; je suis seulement venu vous demander une admonestation chrétienne et c'est tout. Maintenant, vous comprenez pourquoi je ne suis pas d'accord avec votre secte.

Finalement, je proférai d'autres propos, criai d'autres paroles (qu'en cet instant, je garde pour moi) dans un langage quelque peu ronflant ; c'était plus que suffisant pour que ce haut dignitaire de l'Inquisition dise :

- Alors, c'est comme ça, Monsieur le Marquis ?

Il fit alors sonner une cloche et apparut un groupe de chevaliers armés jusqu'aux dents. Ce chevalier du Saint-Office se mit debout ; il se leva, hautain, et leur donna un ordre en disant :

- Emparez-vous de cet homme !

- Un moment, chevaliers, leur dis-je, souvenez-vous des règles de la Chevalerie, car, à cette époque, les règles de la chevalerie étaient respectées, très respectées par tous ; donnez-moi une épée - lui dis-je en style « Gachupin » (sobriquet donné par les Créoles du Mexique aux Espagnols de sang pur, nouveaux venus en Amérique Latine au 18e siècle), car j'étais parmi des « Gachupins », c'est clair - et je me battrai avec chacun de vous.

Je n'étais ni plus ni moins qu'un « Gachupin » qui parlait. Nous nous étions rencontrés en plein Moyen Âge, à l'époque de Torquemada. Un gentilhomme me remit une épée, je la pris ; ensuite, il fit un pas en arrière et me dit :

- En garde !

- En garde ! lui répondis-je.

Et nous nous engageâmes dans un dur combat. On n'entendit plus que le choc des épées. Il semblait qu'en s'entrechoquant les unes contre les autres les épées lançaient des étincelles. Ce chevalier était très habile à l'escrime ; il maniait les armes à merveille, mais je n'étais pas une douce brebis non plus, bien sûr que non. Ce qui fait que le duel fut très difficile. Il ne me restait plus qu'à faire usage de ma meilleure estocade pour sortir victorieux. Seulement, les autres chevaliers qui assistaient à l'évènement se rendirent compte que leur compagnon « allait tout droit au panthéon » et, évidemment, ils m'assaillirent tous ensemble [...]. Ils m'attaquèrent avec une furie terrible et ils étaient nombreux...

Je me défendis comme je pus ; je sautai sur les tables, j'utilisai les meubles comme boucliers. Enfin, je fis des prodiges pour essayer de survivre, pour me défendre. Mais vint le moment où mon bras droit se fatigua [...] je n'en pouvais plus avec le poids de l'épée et je leur dis :

- Vous avez gagné par surprise, car vous m'êtes tombés dessus tous ensemble ; ce ne sont pas des manières de chevaliers : si vous voulez, voilà mon épée. Alors Monsieur l'Inquisiteur dit :

- Au bûcher !

Et enfin, il ne fut pas difficile de me brûler vif. Sur place, il y avait un peu de bois au pied d'un poteau en fer. Ils m'enchaînèrent à ce poteau, mirent le feu au bois et, en quelques secondes, je brûlai comme une torche enflammée. Je ressentis une grande douleur dans ma chair ; je vis mon corps physique brûler jusqu'à être totalement réduit en cendres ; je voulus faire un pas, intentionnellement, pour voir ce qui allait se passer, mais ce qui arriva fut qu'avant de faire le pas, je sentis que cette douleur suprême se transformait en félicité. (Je compris qu'au-delà de la douleur, bien au-delà de la douleur, il y a la félicité et que la douleur humaine, aussi forte soit-elle, a une limite). Une pluie apaisante se mit à tomber sur ma tête et je sentis que je m'allégeai ; je fis un pas et m'aperçus que je pouvais en faire un autre. En fin de compte, je sortis de ce palais en marchant très lentement, très lentement. En fait, je m'étais désincarné ; ce corps physique avait donc péri sur le bûcher de l'Inquisition.

Aujourd'hui, par exemple, si un de ces évènements de ma vie venait à se répéter, je suis sûr que je n'irais pas au bûcher, ni au peloton d'exécution ou autre chose du même style. Pour quelle raison ? Parce que n'ayant plus ces Mois de la colère, de l'impatience, j'écouterais l'Inquisiteur de façon sereine, impassible. Je comprendrais l'état dans lequel se trouve l'Inquisiteur ; je garderais totalement le silence ; aucune réaction ne sortirait de moi. Résultat : il ne se passerait rien ; c'est évident. Je pourrais sortir tranquillement, sans problème.

Par conséquent, les problèmes, en réalité et en vérité, c'est l'Ego qui les fabrique. Si, dans cette situation, je n'avais pas réagi de la sorte contre le « Saint Office » (comme on l'appelait), contre l'Inquisition, contre le « moine bleu » etc., il est évident je ne me serais pas désincarné ainsi.

Cela ne signifie pas couardise ; mais simplement, je serais resté serein, impassible ; puis j'aurais tourné les talons et je me serais retiré sans problème.

Il ne reste qu'un point en suspens : le petit comte aurait été appréhendé et brûlé vif sur le bûcher et on aurait pu en rejeter la faute sur moi, n'est-ce pas ?...

Donc, j'aurais eu le courage d'aller informer le comte, quand bien même se serait-il rempli d'une épouvantable colère contre moi et je lui aurais sauvé l'existence ; peut-être même que cet homme en aurait été reconnaissant, c'est-à-dire que des circonstances aussi fatales ne se seraient pas produites si l'Ego avait été désintégré.

Malheureusement, j'avais un Ego très développé et voilà les problèmes que fabrique l'Ego. Quand quelqu'un n'a pas d'Ego, ces problèmes n'arrivent pas. Il se peut que les circonstances se répètent, mais ces problèmes ne se produisent plus, n'arrivent plus.

La crue réalité, c'est que les évènements peuvent se répéter : mais ce que nous devons faire, c'est modifier notre attitude face aux évènements. Si notre attitude est négative, nous nous créerons alors de très graves problèmes, c'est évident...

Il faut donc que nous changions d'attitude face à l'existence ; mais nous ne pouvons pas changer d'attitude face à la vie si nous n'éliminons pas ces « éléments préjudiciables » qui sont dans notre psyché.

La colère, par exemple : combien de problèmes nous vaut la colère ? La luxure : combien de problèmes nous vaut la luxure ? La jalousie : comme elle est néfaste ! L'envie : combien d'inconvénients nous attire-t-elle ?

On doit changer d'attitude face aux différentes circonstances de la vie. Celles-ci se répètent avec nous ou sans nous, mais elles se répètent. Elles peuvent se répéter avec nous ou sans nous, mais elles se répètent. Ce qui est important, c'est de changer d'attitude face aux différentes circonstances de la vie. C'est-à-dire qu'il faut nous AUTO-CONNAÎTRE PROFONDÉMENT.

Si nous nous auto-connaissons, nous découvrons nos erreurs et, si nous les découvrons, nous les éliminons. Si nous les éliminons, « nous nous éveillons » et si « nous nous éveillons », nous en venons à connaître les Mystères de la Vie et de la Mort, nous en venons à expérimenter CELA qui n'appartient pas au temps, Cela qui est Vérité.

Mais tant que nous continuerons à avoir la Conscience prisonnière de l'Ego, du Moi, des Mois, nous ne saurons évidemment rien des Mystères de la Vie et de la Mort ; ainsi, nous ne pourrons pas expérimenter le Réel, nous vivrons dans l'ignorance.

Il est donc urgent de mettre en pratique sans délai la maxime de Thalès de Milet « HOMO, NOSCE TE IPSUM », « Homme, connais-toi toi-même (et tu connaîtras l'Univers et les Dieux) ». Toutes les LOIS DE LA NATURE sont À L'INTÉRIEUR DE SOI-MÊME et si on ne les découvre pas à l'intérieur de soi-même, on ne peut pas non plus les découvrir en dehors de soi-même.

Ainsi donc, à l'intérieur de soi, se trouve l'Univers. « L'homme est contenu dans l'Univers et l'Univers est contenu dans l'homme ». Si nous découvrons l'Univers à l'intérieur de nous-mêmes, alors nous le découvrirons réellement ; mais si nous ne le découvrons pas à l'intérieur de nous-mêmes, nous ne pourrons pas non plus le découvrir en dehors de nous ; c'est évident.

Il existe en nous des possibilités extraordinaires, mais avant tout, nous devons partir du commencement « HOMO, NOSCE TE IPSUM »... Homme, connais-toi toi-même (et tu connaîtras l'Univers et les Dieux).

La FAUSSE PERSONNALITÉ, par exemple, est un obstacle à la vraie félicité. Tout être humain a une Fausse Personnalité qui est formée par la suffisance, par la vanité, par l'orgueil, la peur, l'égoïsme, la colère, l'auto-importance, l'auto-sentimentalisme, etc.

La Fausse Personnalité est vraiment problématique car elle est dominée par les Mois de ce type que j'ai énumérés. Tant qu'on possédera la Fausse Personnalité, on ne pourra en aucune manière connaître la Réelle Félicité. Comment pourrait-on la connaître ?

Si on veut être heureux - et nous avons tous droit à la Félicité - on doit commencer par éliminer la Fausse Personnalité. Mais pour pouvoir éliminer la Fausse Personnalité, on doit éliminer les Mois qui la caractérisent (ceux que j'ai énumérés).

Une fois ces Mois éliminés, alors tout change : on crée dans sa Conscience, UN CENTRE DE GRAVITÉ continu et il en découle un état de Félicité extraordinaire.

Mais tant qu'existe la Fausse Personnalité, la Félicité est impossible. Nous devons prendre en compte tout cela si un jour nous aspirons réellement à être heureux.

Incontestablement, le plus important, dans la vie pratique, doit être justement de fabriquer ou plutôt, dirais-je, de cristalliser, dans la personnalité humaine, ce qu'on appelle l'« ÂME ». Qu'entend-on par « Âme » ? Tout cet ensemble de POUVOIRS, de FORCES, de VERTUS, de FACULTÉS, etc., de l'Être.

Si, par exemple, on élimine le défaut ou le Moi de la colère, à la place on cristallisera, dans notre personne humaine, la Vertu de la SÉRÉNITÉ. Si on élimine le défaut de l'égoïsme, à la place on cristallisera dans notre personne humaine, la Vertu merveilleuse de l'ALTRUISME. Si on élimine le défaut de la luxure, à la place on cristallisera, dans notre Âme, la Vertu extraordinaire de la CHASTETÉ. Si on élimine la haine de notre nature, à la place on cristallisera l'AMOUR dans notre personne humaine. Si on élimine, de la personnalité, le défaut de l'envie, à la place on cristallisera, dans notre personne humaine, la joie pour le bien d'autrui, la PHILANTROPIE, etc.

Il faut donc comprendre la nécessité d'éliminer les éléments indésirables de notre psyché pour cristalliser, dans notre personne humaine, ce qu'on appelle l'Âme (un ensemble de forces, d'attributs, de vertus, de pouvoirs cosmiques, etc.).

Cependant, je dois dire que tout n'appartient pas à l'intellect. L'intellect est utile quand il est au service de l'Esprit, mais tout n'appartient pas à l'intellect. Incontestablement, nous devons passer par de grandes « crises émotionnelles » si nous voulons vraiment cristalliser l'Âme en nous-mêmes.

SI L'EAU NE BOUT PAS A CENT DEGRÉS, ce qu'il faut cristalliser ne se cristallise pas et ce qu'on doit éliminer, ne s'élimine pas. De même, si nous ne passons pas, au préalable, par de graves crises émotionnelles, ce qu'on appelle l'« Âme » ne se cristallisera pas en nous et ce qui doit être éliminé en nous ne sera pas éliminé.

Alors, c'est ainsi et il en a toujours été ainsi. Quand l'Âme se cristallise totalement en nous, même le corps physique se convertit en Âme.

Jésus de Nazareth, le Grand Kabire, a parlé clairement de cela ; il a dit : « EN PATIENCE, VOUS POSSÉDEREZ VOTRE ÂME ». Les gens ne possèdent pas leur Âme, c'est l'Âme qui les possède. L'Âme de chacun souffre en portant un fardeau accablant : « la Personne »...

Posséder l'Âme est quelque chose de très difficile ; il est écrit : « En patience, vous posséderez votre Âme ». Il y a des Mois très difficiles à éliminer, des défauts terribles, des Mois qui sont en relation avec la LOI DU KARMA. Lorsque nous en arrivons là, il semblerait que nous soyons bloqués dans notre progression et il est évident que c'est ainsi. Cependant, grâce à une patience infinie, on arrive finalement à l'élimination de ces Mois.

La PATIENCE et la SÉRÉNITÉ sont des facultés extraordinaires et des Vertus magnifiques, nécessaires pour avancer sur ce chemin de la Transformation Radicale. Dans mon livre « Les Trois Montagnes », je parle précisément de la question de la Patience et de la Sérénité...

Un jour, dans un monastère, un groupe de frères était là, à attendre impatiemment l'Abbé, le Hiérophante ; mais celui-ci tardait à venir et les heures passaient et il tardait ; ils étaient tous préoccupés...

Il y avait là quelques Maîtres très respectables, mais remplis d'impatience. Ils marchaient dans la salle, allaient et venaient, tapaient du pied, se grattaient la tête, jouaient avec leur barbe. Moi, je restais serein et attendais patiemment. Je trouvais seulement curieux de voir ces petits frères impatients. Je restais tranquille...

Finalement, au bout de plusieurs heures, le Maître arriva et il dit, en s'adressant à tous :

- Il vous manque, à vous, deux vertus que ce frère possède, et il me désignait. Puis, il s'adressa à moi et me dit : Dites-leur, mon frère, quelles sont ces deux vertus. Alors je me mis debout et dis :

- IL FAUT SAVOIR ÊTRE PATIENT, IL FAUT SAVOIR ÊTRE SEREIN.

Tous restèrent perplexes ; aussitôt, le Maître apporta une orange (qui est symbole de l'espérance) et il me la remit en signe de réussite ; je fus admis à entrer dans la Deuxième Montagne qui est celle de la Résurrection ; pour les autres, impatients, ce fut ajourné.

Ensuite, on me fixa un rendez-vous dans un autre Monastère pour signer des papiers que je devais signer et il en fut ainsi. Plus tard, je me rendis à ce Monastère et signai les papiers ; on me communiqua certaines instructions ésotériques et on m'admit alors dans les études de la Deuxième Montagne ; et, à cette heure, ces compagnons-là sont encore en train de lutter pour arriver à la patience et à la sérénité, car ils ne les possèdent pas...

Vous voyez comme il est important d'être patient et d'être serein. Ainsi, quand quelqu'un travaille à la dissolution d'un Moi et qu'il n'arrive absolument pas à le dissoudre parce que c'est devenu très difficile (parce qu'il y a des Mois de ce type en relation avec le Karma), il ne lui reste plus d'autre remède que de multiplier la patience et la sérénité jusqu'à ce qu'il triomphe.

Mais beaucoup sont impatients : ils veulent éliminer tel ou tel Moi, là, immédiatement, sans PAYER LE PRIX correspondant et c'est absurde.

Dans le travail sur soi-même, on a besoin de multiplier la Patience à l'infini et la Sérénité jusqu'au summum des summums. Celui qui ne sait pas être patient, celui qui ne sait pas être serein échoue sur le Chemin Ésotérique.

Observez-vous dans la vie pratique. Êtes-vous impatients ? Observez-vous. Savez-vous rester sereins au moment voulu ?

Si vous n'avez pas ces deux précieuses Vertus, alors il faut donc travailler pour les obtenir. Comment ? En éliminant les Mois de l'impatience, en éliminant donc les Mois du manque de sérénité, de l'énervement (les Mois de l'énervement sont ceux qui empêchent la sérénité).

Que recherchons-nous, à la longue, avec tout cela ? Le changement, mais le CHANGEMENT TOTAL parce que, tels que nous sommes, il est incontestable que la seule chose que nous fassions, c'est souffrir et nous rendre la vie amère.

N'importe qui peut nous faire souffrir. Il suffit qu'on touche l'une de nos cordes sensibles pour que nous souffrions. Si on nous dit une parole dure, nous souffrons ; si on nous donne des tapes sur l'épaule et qu'on nous dit de douces paroles, nous sommes heureux. C'est ainsi que nous sommes faibles, nos processus psychologiques ne dépendent plus de nous... En d'autres termes, nous n'avons pas de pouvoir sur nos propres processus psychologiques : n'importe qui peut manipuler notre psyché.

Voulez-vous voir une personne irritée ? Dites-lui une parole dure et vous la verrez irritée. Si vous voulez la voir contente, donnez-lui une tape sur l'épaule et dites-lui quelques paroles gentilles et elle change à l'instant, la voilà contente. Comme c'est facile ! N'importe qui joue avec la psyché des autres. Comme elles sont faibles, ces créatures !

Il s'agit donc de changer ; il faut que tout ce qui nous rend faible soit éliminé. On doit perdre notre propre IDENTITÉ PERSONNELLE même pour nous.

Cela signifie que le changement doit être si radical qu'on doit même perdre, pour nous-mêmes, notre propre Identité Personnelle (je suis untel, etc.). Le jour viendra où nous ne retrouverons plus notre propre Identité Personnelle. S'il s'agit de nous convertir en autre chose, en quelque chose de différent, il est évident qu'on doit même perdre notre Identité Personnelle.

Il faut nous convertir en créatures différentes, en créatures heureuses, en êtres joyeux car nous avons droit à la Félicité. Mais si nous ne nous y efforçons pas, comment allons-nous changer ? De quelle manière ? Voilà ce qui est grave.

Le plus important est de NE PAS NOUS IDENTIFIER avec les circonstances de l'existence. La vie est comme un film et, en fait, c'est un film qui a un début et une fin. Différentes scènes passent sur l'écran du Mental et notre erreur la plus grave consiste à nous identifier avec ces scènes. Pourquoi ? Parce qu'elles passent ; simplement parce qu'elles passent. Ce sont les scènes d'un grand film et, à la fin, elles passent...

Heureusement, sur le chemin de ma vie, j'ai toujours eu ceci comme devise : « NE PAS S'IDENTIFIER AVEC LES DIFFÉRENTES CIRCONSTANCES DE LA VIE ».

Il me vient en mémoire, disons, des situations de mon enfance. Étant donné que mes parents terrestres avaient divorcé, il nous incombait, à nous, les enfants d'une grande famille, de souffrir.

Nous étions restés avec le « chef » de famille et celui-ci nous interdisait alors d'aller rendre visite à « la chef », c'est-à-dire à notre mère terrestre ; cependant, nous n'étions pas ingrats au point d'oublier « la chef ».

Je m'échappais toujours de la maison avec un de mes jeunes frères qui me suivait ; nous allions lui rendre visite, puis nous retournions à la maison où était le « chef ». Mais, mon petit frère souffrait beaucoup car, au retour, il se fatiguait car il était très petit et je devais alors le prendre sur mes épaules (tant il était petit). Il pleurait à chaudes larmes et disait :

- Maintenant, de retour à la maison, le « chef » va nous donner des coups de fouet et de bâton. Je répondais en disant :

- Petit, pourquoi pleures-tu ? TOUT PASSE, rappelle-toi que tout passe...

Quand nous arrivions à la maison, le « chef » nous attendait, certes, rempli d'une grande colère et il nous donnait des coups de fouet. Plus tard, bien sûr, nous nous enfermions dans notre chambre pour dormir, mais là, au moment de nous coucher, je disais à mon petit frère :

- Tu te rends compte ? C'est déjà passé. Es-tu convaincu que tout passe ? C'est déjà passé ; tout passe... Un jour parmi tant d'autres, notre « chef » arriva à entendre que je disais à mon frère : « Tout passe, c'est déjà passé ». Et, évidemment, notre « chef » qui était assez coléreux, empoigna de nouveau le terrible fouet qu'il avait et il pénétra dans notre chambre en disant :

- Alors, comme ça, tout passe, espèces de mal élevés ! Puis, il nous donna une autre correction plus terrible encore, après quoi il se retira (ayant l'air très soulagé de nous avoir fouettés). Dès qu'il fut sorti, je dis un peu plus doucement à mon frère :

- Tu vois ? Ça aussi, c'est déjà passé...

C'est-à-dire que je ne m'identifiais jamais avec ces scènes ; et je pris comme devise, dans la vie, de ne jamais m'identifier avec les circonstances, avec les évènements, avec les situations, car je sais que ces scènes ne font que passer.

On se préoccupe tellement pour un énorme problème qu'on ne peut pas résoudre et plus tard, voilà qu'il passe et qu'arrive une autre situation complètement différente. Alors, pourquoi s'est-on préoccupé si ça devait passer ? Pour quelles raisons s'est-on préoccupé ?

Quand on s'identifie aux différents évènements de la vie, on commet beaucoup d'erreurs. Si on s'identifie au verre de liqueur que nous offre un groupe d'amis « poivrots », alors on s'enivre. Si on s'identifie à une personne du sexe opposé, à un moment donné, on se retrouve en train de forniquer. Si on s'identifie à un offenseur qui nous blesse avec ses paroles, on se retrouve aussi à insulter.

Vous paraît-il raisonnable que nous, qui sommes de bonnes personnes, apparemment sérieuses, nous nous retrouvions en train d'insulter ? Croyez-vous que ce soit correct ? Si on s'identifie à une scène de sentimentalisme pleurnichard, par exemple, où tout le monde est en train de pleurer amèrement, on se retrouve aussi avec une bonne provision de larmes. Croyez-vous qu'il soit correct que d'autres nous entraînent à pleurer de la sorte, parce qu'ils en ont envie ?

Ce que je vous dis est indispensable si vous voulez vraiment vous auto-découvrir. C'est indispensable parce que si on s'identifie totalement à une scène, cela signifie qu'ON S'EST OUBLIÉ SOI-MÊME ; on a oublié le travail qu'on est en train de faire ; on est alors en train de perdre totalement son temps.

Les gens s'oublient complètement eux-mêmes ; ils oublient leur propre Être Intérieur Profond parce qu'ils s'identifient avec les circonstances.

Normalement, les gens sont endormis car ils s'identifient aux circonstances qui les entourent et chacun a sa CHANSONNETTE PSYCHOLOGIQUE, comme je l'ai dit dans mon livre « La Psychologie Révolutionnaire ».

À peine rencontrons-nous quelqu'un, qu'il nous dit aussitôt : « Dans ma vie, j'ai dû faire ceci et cela. On m'a volé ; j'étais riche, j'avais de l'argent, mais on m'a trompé. Untel est le voyou qui m'a trompé » ; et voilà sa Chanson Psychologique.

Dix ans plus tard, nous rencontrons la même personne et elle recommence à nous raconter la même « chanson ». Vingt ans plus tard, nous rencontrons encore cette personne qui nous raconte à nouveau la même Chanson Psychologique. C'est sa Chanson Psychologique. Elle est restée identifiée à cet évènement pour le reste de sa vie.

Dans ces conditions, comment allons-nous dissoudre l'Ego ? De quelle manière ?... si on est en train de le fortifier. En s'identifiant ainsi, on le renforce, on renforce les Mois. Si on s'identifie à une bagarre, on se retrouve aussi en train de donner des coups de poings.

Il me vient en mémoire le souvenir d'un match de boxe aux États-Unis entre deux champions, où finalement tous les spectateurs, devenus complètement fous, finirent par se donner des coups de poings les uns aux autres. Ils se donnaient tous des coups de poings les uns contre les autres. Ils étaient tous devenus boxeurs... Vous voyez ce qu'est l'identification.

J'ai vu une dame qui, en regardant un film où les acteurs pleuraient (bon, ils faisaient semblant de pleurer, c'est clair)... mais cette dame qui était en train de regarder un film se mit tout de suite à pleurer aussi, d'une manière terrible, prise d'une angoisse épouvantable.

Vous voyez ce qu'est l'identification. Qu'a fait cette pauvre femme qui s'est s'identifiée au film ? Elle s'est crue le héros ou l'héroïne du film. Elle a créé un nouveau Moi à l'intérieur d'elle-même ; et ce nouveau Moi lui a volé une partie de sa Conscience.

De sorte que, si cette personne était endormie, elle l'est encore plus maintenant. Pour quelle raison ? À cause de l'identification, c'est évident.

Une fois, il m'arriva d'aller au cinéma, il y a de nombreuses années de cela. Donc, le film était très romantique. On y voyait apparaître un couple d'amoureux qui se désiraient et s'adoraient et je ne sais quoi...

Bon, et moi j'étais très intéressé de voir ce couple d'amoureux : leurs attitudes, leurs paroles ; que de regards ! Que de choses ! Et j'étais ravi de les regarder et de les regarder encore... Enfin, le film se termina et je retournai chez moi, tout à fait tranquille.

Une fois arrivé chez moi, j'eus sommeil et je me couchai... [...]. Et alors, cette nuit-là, je me retrouvai dans le Monde Mental. Là, j'y rencontrai une femme, comme celle que j'avais admirée dans le film. Elle était même très jolie et cette femme se trouvait face à moi.

Je m'assis avec elle à une table pour prendre quelques rafraîchissements. C'est alors qu'arrivèrent les paroles douces, tout à fait semblables à celles du film, évidemment. Finalement, je n'allai pas jusqu'à la copulation chimique, ni rien de semblable ; par contre, il ne manqua pas de baisers, d'étreintes, de caresses, de tendresse et de cinquante mille choses de ce style...

Je vous raconte une histoire qui s'est passée il y a vingt ans ; elle n'est pas de maintenant, car maintenant, je ne vais plus au cinéma. Mais à cette époque par contre, j'allais au cinéma ; il me semblait que c'était un divertissement très sain (c'est ce que je croyais).

En arrivant alors dans le Monde Astral, je me retrouvai dans un grand Temple et je pus vérifier qu'un Maître était en train de m'analyser. Bien sûr, je me dis en moi-même : « J'ai fait une bêtise ».

Je reculai de quelques pas pour attendre ou voir ce qui allait se passer et, tout à coup, le Maître me fit envoyer un papier par l'intermédiaire du Gardien du Temple. Le Gardien me le remit ; je lus le papier qui disait : « Retirez-vous immédiatement de ce Temple, mais avec INRI » (Avec INRI : c'est-à-dire en conservant le feu puisque je n'avais pas forniqué, à proprement parler. On n'avait pas dépassé la tendresse). Bref je me dis alors : « De toute évidence, c'est très grave. »

Je sortis très doucement, j'avançai dans l'allée de la nef centrale et, avant de sortir du Temple, je m'agenouillai humblement sur un prie-Dieu, demandant miséricorde, demandant qu'on ait un peu de pitié pour mon insignifiante personne qui, c'est vrai, avait commis une bêtise.

J'étais ainsi plongé dans mes prières et mes supplications, lorsque soudain le gardien vint de nouveau vers moi et me dit, cette fois de façon plus terrible :

- On vous a ordonné de vous retirer. Quand je lui dis que je voulais parler au Maître pour m'expliquer, il me répondit alors :

- Le Maître est occupé, en ce moment. Il est en train d'examiner d'autres EFFIGIES du Monde Mental...

C'est alors que j'en vins à me rendre compte que la personne avec laquelle je m'étais trouvé, était une EFFIGIE MENTALE créée par moi-même. Je l'avais créée en plein cinéma. Cette effigie avait pris sa vie propre dans le Monde Mental ; c'était une femme exactement identique à l'actrice que j'avais vue dans le film.

Bref je l'avais reproduite dans mon pauvre Mental et maintenant, dans le Monde du Mental, je m'étais trouvé face à face avec cette effigie créée par moi-même. Le Maître continuait à examiner d'autres Effigies d'autres Initiés. Je n'avais pas d'autre solution que de sortir du Temple. Je revins à mon corps physique. Pendant tout le jour suivant, je fus très triste et regrettai d'être allé au cinéma. « Quelle bêtise ! » me dis-je, « je n'aurais pas dû y aller ; voilà ce que j'ai fait : créer une Effigie Mentale ! ».

Je demandai pardon cinquante millions de fois au Christ, au Christ Intime, car je me dis : « Il est le seul à pouvoir me pardonner cette bêtise ».

La nuit suivante, je priai de tout mon coeur qu'ON ME REPRÉSENTÂT L'ÉPREUVE dont je me sentais capable de sortir victorieux ; plus aucune tendresse, ni caresse à cette effigie mentale, etc.

Et, certes, on m'accorda de repasser l'épreuve ; on m'amena, en CORPS MENTAL, au même endroit, à la même table. De nouveau, je rencontrai « la dame de mes rêves », l'actrice que j'avais vue sur l'écran ; les tendresses allaient recommencer quand je me souvins de la situation. Immédiatement, je dégainai l'ÉPÉE FLAMMIGÈRE et dis :

- Contre moi, tu ne peux rien, tu n'es rien d'autre qu'une forme mentale créée par mon propre Mental.

Et, à l'instant même, je fis usage de mon Épée Flammigère et je mis en morceaux cette Effigie Mentale, je la réduisis en poussière.

Après cela, on m'appela alors de nouveau dans le Temple Astral et j'entrai dans le Temple Astral, cette fois-ci victorieux, triomphant. On me reçut avec beaucoup de musique et en grande fête. Par la suite, on me donna des instructions me disant de ne plus retourner au cinéma car je pourrais PERDRE MON ÉPÉE...

On m'emmena en Astral pour me montrer ce que sont les cinémas, remplis d'effigies mentales, effigies laissées par les spectateurs. Tout ce qu'on voit là, sur un écran, surtout si c'est morbide, se reproduit dans le Mental des gens ; les mêmes scènes, les mêmes formes. Ceux qui sortent de là, laissent une multitude de formes mentales dans ces ANTRES DE MAGIE NOIRE.

Conclusion : on me dit qu'au lieu d'aller au cinéma, je pourrais réexaminer mes existences antérieures, chose plus utile que d'aller au cinéma.

J'accomplis l'ordre et il est clair que je cessai d'aller au cinéma. Mais, qu'est-ce qui m'a porté préjudice ? Évidemment, c'est de m'être identifié à ce film qui passait. Cette dame me parut si belle, à cette époque, que j'en arrivai à me sentir moi-même le galant ; non pas celui du film, mais moi. Résultat : ÉCHEC. Cela s'est passé il y a vingt ou vingt-deux ans ; mais je ne l'ai pas oublié...

Nous ne devons jamais nous identifier avec tout ce que l'on voit dans la vie : les circonstances, les évènements désagréables passent ; tout passe.

On doit profiter des circonstances pour s'étudier, pour s'observer soi-même. Au lieu d'être identifié aux circonstances désagréables, on doit s'étudier soi-même : ai-je de la colère ? Ai-je de la jalousie ? Ai-je de la haine ? Qu'est-ce que je ressens en ce moment, face à ce qui m'arrive ?

C'est ainsi qu'on profite du Moi, en sachant NE PAS S'IDENTIFIER, en sachant tirer parti de tout ; n'oubliez pas que les pires adversités nous offrent les meilleures opportunités pour l'Auto-découverte.

Quand on s'identifie aux circonstances désagréables, on commet des erreurs, on se complique la vie et des problèmes se forment.

Tous les gens sont remplis de problèmes parce qu'ils s'identifient à ce qui leur arrive, à ce qui se passe, à ce qu'ils vivent. C'est pourquoi ils sont tous remplis de problèmes.

Mais si on ne s'identifie à rien de ce qui nous arrive, si on dit : « Tout passe, tout passe, c'est une scène qui passe » et qu'on ne s'identifie pas à elle, eh bien, on ne se complique pas la vie non plus. Mais les gens adorent se compliquer la vie. Si quelqu'un les blesse d'une parole dure, ils réagissent avec violence.

Tout le monde aime se compliquer l'existence et plus on réagit avec violence, plus ça s'aggrave, plus la situation devient dure et tout devient toujours plus pénible.

Profitons des circonstances désagréables de la vie pour l'Auto-découverte. Ainsi, nous saurons quels types de défauts psychologiques nous possédons. Prenons la VIE comme un GYMNASE PSYCHOLOGIQUE. Si nous procédons ainsi, alors nous pourrons nous auto-découvrir. Voilà ce que j'avais à dire ce soir.

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